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Alors que mon corps n'aspirait qu'au repos, mon esprit avait quant à lui d'autres projets. À la seconde où ma conscience s'extirpa du voile du sommeil, une voix s'écria: "Romero!", "Zombies!", "Biohazard!". Il m'était impossible de me rendormir. Je tentais désespérément de résister et de me rendormir, car j'avais déjà une nuit quasiment blanche derrière moi. Et puis merde, pensais-je en rejetant les couvertures et en sortant de mon lit, un corps peut bien supporter quelques abus - sinon à quoi servirait-il? Je me levais à 11h00, avec 4h30 de sommeil dans les jambes. Il était trop tard pour le petit-déjeuner de l'hôtel (qui était excellent) aussi je me rendis à un IHOP un peu plus loin - grosse erreur. Mon premier service de crêpes comprenait un long cheveu en travers du plat. Le second service était si brûlé que je pu en avaler à peine un quart. Je me souvins alors d'un dessin animé où cet établissement était baptisé "International House Of Gruel". Je présumais que c'était ce restaurant-là qui avait inspiré à Gary Larson l'idée pour son gag. Le rendez-vous était fixé à 17h00. J'arrivais en avance, avec la troupe, vers 16h00. Mad George n'était pas avec nous car il avait été retenu pour une autre publicité. Une partie de son équipe s'occuperait des zombies diurnes. Le planning de travail n'était heureusement pas aussi fou que celui d'hier. Il y avait moins de la moitié du nombre de photos d'hier à prendre et les zombies présents ne devaient être que cinq. George Romero apparu juste avant dix-sept heures. Jason et lui parcoururent les rushs. Comme la veille, l'équipe se rassembla autour de lui pour regarder. Il serra quelques mains et quand les autres partirent pour continuer leur travail, je réussis à le coincer entre quatres-zyeux. Jusqu'à présent, je n'avais pas eu l'occasion de conduire une interview digne de ce nom. Justes quelques questions indispensables, posées dans des conditions rien moins que satisfaisantes. Pris d'une inspiration subite, je demandais à George si le bon moment était venu. Il désigna une paire de chaises réservées à la direction des acteurs et me dit que nous y serions à l'aise pour discuter. Nous nous assîmes en face des écrans de contrôle et je posais rapidement une série de questions à George, pendant dix minutes. Puis je le remerciais. "C'est tout?" me demanda t'il, en s'enfonçant dans sa chaise. Il croisa ses doigts et posa ses mains sur son ventre. "Je ne vais nulle part - demandez-moi ce que vous voulez". Je sautais sur l'occasion et posais une nouvelle série de questions, certaines étant préparées et les autres le fruit de l'occasion. Pendant que nous devisions, je me rendis compte que George occupait tout mon centre d'intérêt. Cette interview était un moment d'éternité, arraché au temps. Je n'allais pas le foutre en l'air pour un motif aussi trivial que le manque de sommeil. De temps en temps, je jetais des coups d'il autour de moi et c'est ainsi que je m'aperçu que mes boss japonais nous observaient, en se demandant ce que je pouvais raconter à George pendant aussi longtemps. Après coup, je me rendis compte que nous avions passés une heure ensemble. Ce qui est beaucoup plus que ce que j'aurais pu jamais espérer. Je ne pense pas que le plaisir pris à discuter avec George Romero puisse être correctement communiqué à des tiers. Sa façon de parler, de structurer ses phrases, les variations de tons qu'il employa pour accentuer certains mots, faisaient l'objet d'un tout qui rendait sa conversation si agréable. Mais, bien que j'aurais pu passer toute la nuit ainsi (pendant notre discussion, le jour avait fait place à l'obscurité puis à la nuit) j'insistais pour que nous arrêtions car le tournage requérait son attention. Après avoir rassemblé mes affaires, je suivis George et Jason à l'intérieur de la prison. |
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L'équipe technique et Romero |
Le texte est © Wesker pour SurvivHor © 2001, tous droits réservés |